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LE RETOUR DE L’EXIL

Dès que les sœurs exilées apprennent de meilleures nouvelles de France, elles s’en reviennent, rejoignant l’une ou l’autre communauté renaissante. Vers 1802, trois sœurs exilées vivent au couvent d’Amiens. En février 1813, elles reviennent à Arras, et sont accueillies chez les sœurs de sainte Agnès. Mais bientôt, un généreux bienfaiteur leur loue une petite maison, rue des chariotes. Là, une ancienne clarisse d’Hesdin vient les rejoindre. En 1815, elles songent sérieusement à faire renaître leur vieux couvent. Grâce à des aumônes, elles rachètent une maisonnette sur le terrain ayant appartenu au Monastère. Elles sont six maintenant, et déjà on peut compter parmi elles deux postulantes.

Voilà plus de 20 ans que les sœurs ont dû quitter Arras ; il y a celles qui ne peuvent revenir à cause de l’âge et de la maladie, celles qui ont rejoint la patrie céleste. Il leur faut maintenant obtenir le droit de vivre en communauté : pour cela une autorisation gouvernementale est nécessaire. S’engage alors un combat avec l’administration qui se refuse à leur donner l’autorisation d’exister. Au milieu de cette tourmente, un accident survient en 1818 , « car deux sœurs clarisses se sont répandues dans les campagnes pour quêter avec l’autorisation du maire d’Arras ». Leur passage fait beaucoup de bruit et passe des maires au Préfet, du préfet au ministre de l’intérieur…….L’affaire est grave et inquiétante pour l’avenir.

L’évêque veut obtenir à la communauté cette reconnaissance légale, et puisqu’elle est refusée aux sœurs en tant que contemplatives, il oblige les clarisses à se déclarer enseignantes….ce contre quoi, et non sans raisons, s’élèvent les municipaux d’Arras. C’est le statu quo !

En 1825, les tractations reprennent avec les mêmes difficultés, le gouvernement se refuse à autoriser les communautés mendiantes. Les clarisses veulent rester fidèles à la pauvreté. Le combat est rude et douloureux : le Cardinal de la Tour d’Auvergne, évêque d’Arras, tente même de convaincre les sœurs de céder en leur faisant prêcher une retraite de 3 jours ! Au terme de celles-ci, c’est le Cardinal qui cède en accordant à la communauté le délai supplémentaire sollicité par l’Abbesse ! Que va-t-il se passer durant ce sursis ? En ces jours-là, le roi Charles X visite le comté d’Arras….Les clarisses décident de profiter de la circonstance pour se faire reconnaître par le Roi. Elles confectionnent une petite crèche, qu’une sœur externe ira offrir au monarque au nom de toutes. De fait, en lui remettant l’humble présent, elle lui expose le drame qui se joue quant à la reconnaissance de la communauté. Le roi Charles X accueille la crèche avec plaisir, et répond à la sœur que le monastère n’a pas à se tourmenter, qu’il l’assure de sa puissante protection et promet de ne jamais l’inquiéter. Voilà la communauté tirée d’affaire !