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LE CONCILE VATICAN II

Après la seconde guerre mondiale, la vie reprend son cours au monastère. La communauté vit de dons, du jardin qu’elle cultive, de la quête faite par les sœurs externes. Au monastère, il n’y avait pas d’eau courante, pas ou peu d’électricité, pas de chauffage, une cuisinière au charbon qu’il fallait allumer tous les matins ; au parloir : deux grilles et un épais rideau noir. Côté outils de travail, tout était aussi rudimentaire : c’était souvent les familles qui fournissaient chariots, bêches, machines à coudre…Les sœurs ne sortaient jamais. « Cette situation ne nous empêchait pas d’être heureuses, témoignent les sœurs, et on ne regrette pas d’avoir connu ce temps là. » C’est dans ce contexte que le concile Vatican II est arrivé. Imaginez maintenant des sœurs qui ont vécu 20, 30, 40, 50 ans ainsi, et qui vont vivre le bouleversement qui va suivre… L’impulsion donnée par le concile encourage des liens entre les communautés, il en existait déjà puisque dès 1954, le monastère d’Arras était entré dans la fédération « sainte Colette » Besançon-Poligny. Les échanges demeuraient cependant épistolaires. Avec le Concile, on passe d’une fédération « sans sortie » à une fédération avec des visites de monastères (réunions fédérales, réunions d’abbesses….)

Le Concile allait donc donner un tournant et un fameux tournant à la communauté:

► D’abord, il a permis l’unité de la communauté par l’intégration des sœurs externes, apparues en 1816 pour remplacer les frères quêteurs d’avant la Révolution. Celles-ci suivaient la Règle du Tiers Ordre avec des règlements et des statuts propres à Arras, étant plus ou moins autonomes selon l’époque. Elles vivaient dans une maison accolée au monastère dont elles ne partagèrent jamais la clôture. Désormais, elles suivent la même Règle que les autres sœurs, viennent au réfectoire, à la récréation, au chœur, au chapitre ; elles ont le même vêtement, le même horaire. Tout ceci s’est fait progressivement de 1967 à 1969, avec l’accord de la communauté et surtout de chaque sœur externe.

► Ensuite, le Concile a permis la transformation de la chapelle et du chœur (en 1968-1969). Transformation ayant des conséquences importantes au niveau liturgique (célébration de l’Eucharistie, des offices). L’adaptation demandée est énorme ! Passage du latin au français qui amène des répétitions tous les jours, des sessions de formation ; mais toujours il se trouve quelqu’un pour venir en aide à la communauté.

► Enfin, dès les débuts des années 1970, on voit aussi se transformer progressivement l’accueil : on y aménage des chambres pour les retraitants ; au parloir, on enlève une grille, puis les deux. Ce qui est remarquable, c’est que rien ne s’est fait dans la précipitation : l’adaptation s’est vécue en douceur, les décisions ont été prises ensemble, au rythme de la communauté. Une communauté dont l’Esprit Saint, j’en suis sûre, avait préparé le cœur à accueillir les dons que le Seigneur allait faire à son Eglise, et qui, dès les débuts du Renouveau sût accueillir un groupe de prière ; une communauté qui a su « tirer du neuf de l’ancien » et qui essaie, jour après jour, de s’ouvrir à la grâce des commencements.

Sr Marie Liesse Le 7 octobre 2007 Pour le 550e anniversaire de la fondation du monastère des clarisses d’Arras

1 Trésor hélas disparu à la révolution française, cependant il peut être reproduit grâce à Ferry de Locres annaliste du XVIIe qui l’inscrit dans sa chronique, en langue originale.

2 Chronicum Belgium 1vol Arras 1616 3 Dont la matrice est retrouvée en 1899 par le jeune abbé Pierre Deboux. Il fait reproduire le sceau, qui est toujours le nôtre. 4 Lettre du préfet Moincuz au maire d’Arras le 14 mars 1818