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Un grand silence, une grande solitude…

Nous voici entrés dans la Grande Semaine, cette Semaine Sainte 2020 qui sera « pas comme les autres » ! Pour nous résonne encore la question : comment vous aider à la vivre, à partir de ce que nous vivons ?

Avec vous et comme vous, nous bénéficions de ce que permettent les nouveaux moyens de communication (sans oublier que d’autres en sont privés…) Depuis le début du confinement, nous avons pu prendre et donner des nouvelles, (nous) rassurer, (nous) informer, communiquer… Et ce, plus que nous ne le faisons habituellement en Carême : période qui, en notre forme de vie, est de plus grand retrait, sans visites ni courrier… Circonstances obligent ! Charité aussi… Toutefois, nous sommes bien conscientes qu’il faut en tout garder la mesure, qui est le propre de la vertu humaine ; et en vie chrétienne et monastique : ne pas perdre de vue la finalité propre à ce retrait plus grand du Carême : intensifier notre relation au Seigneur, revenir à Lui « de tout notre cœur », nous retirer « dans notre chambre » (tiens donc !) pour parler au Père « dans le secret », écouter sa Parole et lui permettre de purifier et transformer nos cœurs, autrement dit servir notre métanoïa, notre conversion, notre conformation à Jésus, le Bien-Aimé, donnant sa vie pour que nous vivions de la sienne, éternellement !…

En écho au sujet abordé dans l’article précédent, relatif à la nécessaire et bienfaisante organisation de nos journées, nous osons donc vous encourager à envelopper cette Semaine Sainte d’un manteau de grand silence, et de plus grande solitude ; manière de communier aussi à ceux qui vivent ce temps de confinement seul à la maison ou dans leur appartement. Discerner et moduler notre besoin de contact, laisser l’ordinateur, la tablette, le téléphone au repos ; ne pas fuir… Entrer en nous-mêmes, et nous connecter à Celui qui nous habite au plus intime, depuis le jour béni de notre baptême. . Lui poser nos questions, lui exprimer nos craintes, notre quête de sens et notre besoin de compréhension… Faire aussi ce que nous sommes peut-être les seuls à pouvoir faire : OFFRIR. Offrir au Seigneur ce temps, dans la confiance, choisir de faire de notre FIAT, de notre patience, de notre obéissance, des renoncements joyeusement consentis, une humble contribution à la sanctification du monde… C’est si peu, en fait, au regard de ce qu’Il a souffert pour nous, et au regard de ce que vivent tant de nos frères dans le monde, parfois depuis des années, sans que personne s’en émeuve, ou si peu… Humble contribution vraiment que la nôtre, mais à laquelle l’Amour donne un poids infini, une fécondité inouïe… Ne manquons pas donc l’occasion, les occasions ! L’épidémie court en silence… Répondons en silence, par l’épidémie du bien, de la prière silencieuse, de l’union à Celui qui Seul sauve le monde du péché et de la mort. Nous rejoindrons les autres à Pâques pour leur communiquer la joyeuse annonce plus profondément ancrée en nos cœurs: Christ est ressuscité ! Il est vivant, avec nous chaque jour, jusqu’à la fin des temps ! Et nous serons capables de leur communiquer l’invincible espérance.

Du sermon de St Epiphane, Office du Samedi Saint : « Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. Dieu est mort dans la chair et les enfers ont tressailli. Dieu s’est endormi pour un peu de temps et il a réveillé du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers. Il va chercher Adam, notre premier père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Il va, pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Eve, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils. Descendons donc avec lui pour voir l’Alliance entre Dieu et les hommes… »

6 avril 2020 - Confinement et vie monastique - Une clarisse d'Arras.