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LE MONASTERE DE 1847

Elles étaient 6 en 1815, elles sont 15 en 183O, la petite maison devient étroite et la vie est dure : sœur Marie Colette en témoigne en 1863 : «L’exiguïté du local que nous habitions nous faisait beaucoup souffrir. Le grenier nous servait de dortoir et il nous abritait si imparfaitement contre l’intempérie des saisons que, dans l’hiver, nous trouvions habituellement nos lits couverts de verglas… Nous étions tellement à l’étroit que nous avions peine à y trouver place, bientôt même, il devint si incommode que nous étions obligées de disposer des cuves pour recevoir la pluie et la neige qui ne nous épargnaient pas. » L’église du couvent de 1457 est toujours leur église, elles assistent à la messe dans la chapelle de la sainte Vierge, derrière un grand voile qui les dérobe aux yeux du public, mais elles récitent l’office dans un petit oratoire construit près de leur maison. Un grand rêve les habite : reconstruire le monastère à l’endroit même où il fut planté en 1457 ! En 1835, elles rachètent l’église, la providence pourvoie de manière surprenante et en 1839, avec les bénédictines du Saint Sacrement, leurs voisines, elles rachètent une partie des terrains de l’ancien couvent. Enfin, elles vont pouvoir reconstruire le monastère. A peine le jardin est-il en possession de la communauté, que les sœurs veulent rendre à la sainte Vierge la place qu’Elle occupait jadis dans la petite chapelle. En procession, toutes les sœurs, pieds nus, au plus fort de l’hiver, ayant de la neige jusqu’à mi-jambes y transportent une statue de la Reine du Ciel ! Aucune des sœurs d’avant la dispersion de 1792 n’a pu revoir la chapelle du jardin, ni prier sur la tombe de ses sœurs ; elles auraient tant aimé indiquer aux nouvelles venues l’ancien emplacement des lieux !

En 1847, la communauté prend possession des nouveaux locaux. Le couvent de sainte Claire a su renaître de ses ruines ! Mais, il y fait très pauvre. Le bâtiment n’a pas de cloître et les sœurs doivent braver les intempéries pour se rendre d’un endroit à l’autre en traversant la cour. En 1888, le Père confesseur fait, par surprise, offrir une véranda aux sœurs ; elle sera achevée en 1890. Puis, ce bon Père réaménage tout le monastère (transforme le chœur des moniales, fait reconstruire le réfectoire et l’infirmerie, rénover le noviciat ; c’est l’époque aussi où le dortoir voit apparaître des cellules individuelles… En 1899, le monastère a la physionomie que nous lui connaissons aujourd’hui. En ce début de XXe siècle, républicains et catholiques entrent en conflit, en 1901 la loi Waldeck-Rousseau interdit les « congrégations religieuses ». La communauté n’a plus que deux alternatives possibles : se faire autoriser par le gouvernement, ou s’exiler avant le 1er octobre. Les sœurs se préparent à quitter le monastère, à quitter la France. Les communautés belges ouvrent toutes grandes leurs portes. (14 sœurs seront accueillies à Gand, 5 à Hassalt, 9 à Roulers). L’évêque, Monseigneur Williez leur dit simplement : « Je souhaite que votre décision soit la meilleure, sans en être bien convaincu. » De leur côté, les bienfaiteurs se refusent à opter pour le départ….Par eux, on apprend que monsieur le Maire a dit que la communauté des clarisses étant très ancienne, on les laisserait tranquilles, Monsieur le Préfet ayant la même idée…L’évêque quant à lui, sans rien exiger, se contentait de « trouver plus religieux de se faire autoriser ». Les sœurs se rangent à cet avis et renoncent à l’exil. Le Monastère sera reconnu le 27 septembre 1901, trois jours avant la dispersion envisagée. Pourtant, en 1903, les expulsions se font en masse, toutes les chapelles sont fermées. La communauté des clarisses s’unit au vœu commun adressé au Sacré-Cœur de Jésus, et s’engage à l’adoration perpétuelle du premier vendredi de l’année si grâce leur est faite de rester en France. Par grâce, elles pourront rester ! Ce ne sera pas le cas de tous.

Le 11 décembre 1905 est votée la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Le 14 décembre 1906, l’évêque est chassé de son évêché ainsi que les directeurs et élèves du grand séminaire. La vie religieuse se vit plus ou moins clandestinement.